Décodez les jeux psychologiques perdant-perdant au travail

Cette période post-post-covid qui n’en finit pas est propice aux risques psycho-sociaux ou souffrance au travail. Globalement, et malgré la reprise économique, les gens vont plutôt mal au travail et cela se traduit par des comportements négatifs qui peuvent être destructeurs dans les relations.

L’Analyse Transactionnelle avec Eric Berne et Stephen Karpman donne des clés de lecture des attitudes délétères et inconscientes qu’ils appellent des jeux psychologiques. Ce ne sont pas des jeux pour rire et s’amuser, ce sont des jeux perdant-perdant qui donnent un « bénéfice négatif » pour les partenaires :  le dialogue fait vivre ou revivre du ressentiment, du malaise et des émotions désagréables (colère, tristesse, amertume, etc).. A l’échelle d’un collectif, ces jeux peuvent réellement endommager la confiance et la coopération.

Lorsque deux individus dialoguent, il est possible d’identifier le type de « jeu » qu’ils « jouent ». Ces jeux sont involontaires et répétitifs : chaque joueur a ses jeux « favoris » et les répète dans le temps.

Le jeu psychologique repose sur une dynamique entre trois rôles clés que Stephen Karpman a schématisé sous la forme d’un triangle. Aucune de ces positions n’est satisfaisante et ne permet d’établir une relation saine, mais la plupart du temps c’est autour de deux de ces rôles que nous « passons notre temps » à communiquer avec l’autre.

Nous pouvons parfois passer par toutes les étapes, mais le plus souvent chacun d’entre nous passe d’une position à l’autre. Et c’est lors de ce changement de rôle qu’a lieu le « coup de théâtre »..

  • LLe Persécuteur méconnaît la valeur des autres.

  • Le Sauveur méconnaît la capacité des autres à agir, ressentir ou penser par eux-mêmes.

  • La Victime méconnaît sa propre valeur.

  1. Eric Berne a fait une typologie (très imagée !) des jeux. Vous allez y retrouver des comportements très fréquents dans la vie professionnelle et personnelle :

    Les  jeux de Persécuteur

    « Oui… mais » : Demander de l’aide et écarter toute proposition d’un : « Oui… mais… ».

    « Battez-vous » : Révéler à une personne un jugement critique confié confidentiellement par un tiers. Mettre deux personnes en rivalité.

    « Je te tiens » Relever une erreur, un oubli, une faute chez celui qui vous a fait un reproche.

    « Au pied ! » : Donner un ordre sec, sans raison fondée. Autoritarisme, toute-puissance.

    « La Scène » : Faire un drame pour éviter de régler le problème.

    « Défauts » Dire du mal des chefs, des collègues, des élèves.

    « Coincer » Empêcher l’autre de faire ce qu’il envisage en démontant toutes ses propositions.

    « Le mien est mieux que le tien » : Exagérer ses difficultés pour qu’elles soient plus grandes que celles des autres. Se mettre en compétition malsaine avec l’autre.

    Les jeux de Sauveur

    « C’est bien parce que c’est vous ! » : Faire sentir avec insistance que ce que l’on fait est une faveur qui mérite contrepartie.

    « Workalcoolic » : travailler trop (heures supplémentaires, week-ends, soirées…) Éprouver de la joie à se savoir indispensable.

    « J’essaie simplement de t’aider » : Intervenir dans les discussions ou les conflits, les désaccords, sans y avoir été convié. Apporter de l’aide à celui qui ne demande rien.

    « Ca ira ! ça ira ! » : Nier les difficultés qui surgissent en les balayant, faire comme si de rien n’était.

    « Les Colombes » : Refuser les conflits. Se faire petit dès qu’il y a un léger désaccord ou une divergence. Adopter la passivité pour éviter la souffrance.

    « Tribunal » : Tenir le rôle de l’avocat dès qu’une personne est critiquée ou évaluée. Se prendre pour Zorro.

    Les jeux de Victime

    « Jambe de bois » : Justifier son incapacité, masquer ses difficultés en rejetant la responsabilité sur les autres ou sur les conditions de travail (on n’a pas le temps, trop de travail…).

    « Regarde ce que tu m’as fait faire » : Rejeter sur l’autre la responsabilité de ses actes.

    « Marche ou crève » : Se plaindre d’être obligé de se surmener parce qu’il est impossible de faire autrement.

    « Frappe-moi » : Provoquer les autres en étant maladroit, agressif, désagréable, pour être rejeté (manière d’attirer l’attention).

    « Fais-moi quelque chose » : Appeler l’autre à l’aide et chercher à lui faire faire son travail ou résoudre les problèmes à sa place.

    « C’est affreux ! » : Se plaindre de tout, de tous et de rien. Chercher le réconfort, attirer la sympathie et ne rien faire pour changer sa situation.

    « Stupide » : S’avouer incapable de faire ou de comprendre ce que l’on veut vous donner à faire.

    « Ereinté » : Se plaindre d’être fatigué, débordé. Chercher la sympathie et le réconfort.

    Comment sortir du jeu psychologique ? Le triangle des 3 P

    L’accompagnement coaching permet de sortir des jeux psychologiques et d’inverser la tendance (le triangle des 3P pointe vers le haut) notamment en apprenant à :

    ·  Regarder l’autre et soi-même avec respect et comme ayant de la valeur (apprendre à s’aimer davantage pour pouvoir accorder sa confiance à l’autre),

    · Identifier son mécanisme de scénario, et s’entraîner progressivement à s’en défaire.

    Les 3 précédentes dimensions Victime, Persécuteur, Sauveur, peuvent alors se transformer en 3 attitudes positives fondées sur une dynamique relationnelle saine et efficace.

    Se donner des Protections implique de se reconnecter à ses ressources (valeurs, compétences, alliances…). Ce travail permet de renforcer la confiance en soi et d’oser développer des relations de confiance plutôt que « jouer » au persécuteur. Cela confère assez de solidité à la personne pour qu’elle s’autorise à changer de comportement : elle peut alors se donner des permissions notamment celle l’exprimer ses émotions et opinions et ses besoins dans la relation. Elle n’a alors plus besoin de prendre le rôle de sauveur pour obtenir de la reconnaissance. Elle peut assumer sa Puissance, c’est-à-dire la responsabilité de tous ses actes et prendre sa place plutôt que de prendre la position de victime.

    Une relation, une équipe délestés des jeux psychologiques deviennent plus agréables à vivre et plus créatives aussi.

    Chloé Ascencio et Magali Thoraval

Précédent
Précédent

Questionner le sens pour inventer 2022

Suivant
Suivant

L’équipe aussi a besoin d’intimité