« COACH EN QUOI ? » ET AUTRES QUESTIONS AMUSANTES
Souvent, lorsque je dis que je suis coach, on me demande « coach en quoi ? ». Cela se comprend, le coaching est devenu très populaire. On en voit partout, du coach sportif au coach commercial en passant par le coach en image, le coach digital, le coach Linkedin. La vague du coaching nous submerge au point de s’y noyer.
Je réponds généralement « coach en entreprise », ce qui suscite une moue polie, un regard vague, un petit « ah » qui souhaite changer de sujet, faute d’oser demander « Mais c’est quoi le coaching en entreprise ? »
Alors lorsqu’il ose poser la question, petit florilège de ce que peut me demander un client :
Où est-ce que je m’allonge ?
Traduction : le client croit que le coach est un psy.(parfois nous entendons la question alternative : « Est-ce que je devrais parler de mon enfance ? »)
Certes, il y a un canapé au bureau mais il est impossible de s’y allonger. Vous aurez les genoux qui se balanceront en dehors du canapé. Ce sera très inconfortable ! Or un coach est très attentif aux conditions de confort pour que chacun se sente bien dans la relation. En effet, cette relation client-coach va servir de base de travail et de modèle au client pour s’entraîner à faire évoluer toutes ses relations professionnelles. A ce titre, l’observation de la posture corporelle du client est une riche source d’information pour le coach qui va aider le client à devenir conscient de ce que dit son corps. Apprendre à identifier ses ressentis physiques et émotionnels pour les utiliser de façon stratégique est une composante importante du travail de coaching. Souvent, l’accompagnement permet de rétablir la connexion entre le corps, les émotions et le cerveau, ce qui crée un alignement source d’accomplissement et de sérénité.
En coaching le client s’assoit face au coach, qui lui proposera parfois de se lever pour aller écrire ou dessiner au paperboard. Ou bien lui proposera des « mises en mouvement » au travers d’exercices pour prendre du recul et faciliter les prises de consciences.
La différence avec la thérapie : le coach ne cherche pas à modifier l’état de conscience du client, contrairement au psychanalyste qui fait allonger son client pour lui permettre de relâcher le contrôler sur ses pensées et sa parole. Le coach ne pratique pas cela, et il ne « creuse » pas dans le passé, n’analyse pas les causes, ne recherche pas les racines du problème de son client. Il le questionne pour explorer, revisiter avec un autre regard, sous un nouvel angle, le problème comme un appartement dont ce dernier n’aurait pas encore fait le tour, pas encore inspecté les placards. Il va l’inviter à ouvrir toutes les portes et les fenêtres.
Parfois le passé s’invite dans la discussion et c’est normal car la frontière entre le professionnel et le personnel est très poreuse. Lorsque cela arrive, le coach accueille sans questionner plus avant. Si besoin, il propose au client d’aller soigner et guérir en thérapie une blessure qui n’est pas du ressort du coaching.
Le coaching lui se concentre sur l’ici et maintenant de la séance, le présent et le futur des comportements professionnels (relations, management, communication et capacité d’influence) et les leviers pour les faire évoluer.
J’en prends pour combien (avec ce coaching) ?
Traduction : « Combien de temps ça va durer ? ». Ou encore : « Est-ce que ne va pas me prendre trop de temps ? »
Hervé s’inquiète de la durée de son coaching en utilisant la métaphore de l’emprisonnement. Je lui réponds que dans son cas, 8 séances me semblent suffisantes pour lui permettre d’atteindre les objectifs qu’il s’est fixés, et qui ont été confirmés par son n+1 lors de notre réunion tripartite de cadrage. Le nombre de séances peut aller de 6 à 12 séances selon la pratique du coach. Espacées de 2 à 3 voire 4 semaines, elles durent 1h30 à 2 heures. Le nombre de séances est toujours défini lors de la séance de démarrage du coaching. Il est inscrit sur le document de référence, le contrat ou l’accord de coaching, avec une date de début et une date de fin. C’est encore une différence avec la thérapie qui n’a pas de durée préétablie, et peut durer plusieurs années.
Mais derrière la question d’Hervé, et l’humour de sa formulation, je sens l’inquiétude. Alors je saisis l’occasion pour lui permettre d’exprimer ses inquiétudes quant à la liberté qu’il semble craindre de perdre. Au contraire, le coaching a pour intention de favoriser la responsabilité et l’autonomie du client. Je précise qu’il peut interrompre à tout moment son coaching. S’il s’avère qu’Hervé ne veut pas de ce coaching et qu’il le vit comme un piège tendu par son patron ou le DRH, alors leur relation deviendra le sujet même du coaching.
Vous allez m’hypnotiser pour me faire changer ?
Traduction : « Comment ça marche le coaching ? ». Ou encore : « Comment changer facilement sans m’en rendre compte ? »
Lorsque Camille interroge son coach en riant, elle précise qu’elle a besoin de savoir comment il va s’y prendre pour la “faire” changer. Or c’est Camille qui détient seule la responsabilité de changer. Cela signifie que le travail de coaching sera uniquement possible là où elle a la main et que les autres ne changeront pas à sa place. C’est elle qui apportera les sujets de travail des séances à partir de son actualité professionnelle, et décidera de l’objectif de chaque séance. La responsabilité du coach se limite au processus : garantir un cadre de travail sécurisant, éthique, confidentiel et des conditions favorables aux transformations décidées par Camille. Ils travaillent en coopération et la responsabilité in fine, d’opérer les changements, lui appartient.
Dans la question de Camille, on peut également entendre « comment changer facilement sans m’en rendre compte ? ». Ou encore « puis-je changer sans vraiment changer ? ». N’est-ce pas là une idée séduisante, qui fait envie à tout le monde ? Comme avoir des abdominaux sans transpirer ? A l’instar de l’entraînement sportif, le coaching est efficace si le client est engagé, confiant, régulier et ponctuel à ses séances.
Le succès de l’accompagnement implique que le coaché s’ouvre aux feedbacks du coach, qu’il ose tester de nouvelles pratiques dans son quotidien professionnel et qu’il se mettre en mouvement en faisant évoluer sa posture et sa façon de communiquer.
De quoi on va bien pouvoir parler pendant 1h30 ?
Traduction : « C’est long, vais-je m’ennuyer ? ». Ou encore : « Ce serait génial si le coach me donnait des conseils »
« Au secours, je n’ai pas de demande ! J’ai beau me creuser la tête, rien ne vient ! » se lamente Valentina en arrivant. Pas d’inquiétude, elle peut compter sur son coach pour lui permettre de se « poser » et de se centrer sur ce qui est important pour elle, et dont elle n’a pas forcément conscience à l’instant T. Le coach est habitué à explorer, questionner, faire décrire le quotidien de travail, en faire émerger les enjeux, les problématiques et favoriser les prises de conscience de son client. C’est son rôle de faire « accoucher » son client d’un objectif pertinent de travail, par son questionnement, sans jugement ni parti-pris, en reprenant les propres mots du coaché.
Par exemple, si le coaché veut pourvoir dire à un de ces collaborateurs ce qui ne va pas dans leur relation de travail, le coach pourra proposer de faire une mise en situation, de l’analyser et choisir parmi ce qu’il aura découvert la façon dont il fera son retour à son collaborateur. Au cours de l’exercice, coach et coaché partageront leurs ressentis et leurs perceptions. Le coach questionnera, fera des feedbacks et guidera le coaché dans son analyse, le poussant à aller plus loin dans ses réflexions. Il ne donnera ni conseil, ni « quick-wins » car son rôle n’est pas celui d’un formateur ou d’un consultant.
Et vous, quelles sont vos questions sur le coaching ?
Magali Thoraval et Chloé Ascencio