Travail hybride : réinventez l’équipe

En un an, les mentalités ont beaucoup changé et cette transformation n’a pas fini de redistribuer les cartes, de questionner le fonctionnement des organisations, des équipes et la posture du manager. Parfois, une révolution managériale s’est opérée, le covid a obligé certains managers à lâcher du contrôle et mettre en place un management par la confiance.

Plus jamais comme avant

Les accords télétravail permettent de proposer du travail hybride, en général deux jours en télétravail et trois jours en entreprise ou l’inverse. Les salariés pour la majorité revendiquent cette hybridation du lieu de travail et ne veulent pas revenir comme avant. Ils sont en demande de souplesse et de refondation du mode de fonctionnement. Ne pas être flexible deviendra un frein pour recruter des talents. Le “flex office” sera probablement un critère primordial pour les nouveaux arrivants.

Plus jamais ça

“70% des salariés* disent ne plus vouloir travailler dans des environnements qui peuvent menacer leur santé psychologique. ”Si mon n+1 ne change pas son management, à quoi bon revenir au bureau? “

“il va y avoir un turn over énorme dans les prochains mois. Les salariés cherchent du sens à être avec leurs collègues. Une part importante de salariés (30%) mettent leur manager devant le fait accompli en annonçant qu’ils ont déménagé loin du bureau et veulent du télétravail à 100%.”

Une équipe qui ne sait plus travailler ensemble

Les Echos** relatent une situation inédite : “ Embauchée en septembre dernier, Marion s'est vite habituée au télétravail, et aujourd'hui elle est « angoissée » à l'idée de rencontrer ses collègues « en vrai » et « devoir prendre du temps à parler » des tracas du quotidien, de tout et de rien. Ses interrogations vont même plus loin sur cette injonction à la sociabilité : « Est-ce que j'ai vraiment envie de donner mon énergie à autant de personnes ? Je me suis rendu compte que politiquement, en entreprise, il faut constamment faire attention à son image, bien se faire voir, ne pas en dire trop, ni pas assez. Et très franchement, je réalise la valeur de la sociabilité, l'importance de l'être sincèrement, en étant soi-même, et donc, pas avec n'importe qui. » Résultat, pour Marion, les journées de travail sur site sont « perdues ». La dernière fois qu'elle y est allée, elle n'a pas réussi à accomplir les objectifs qu'elle s'était fixés et le lendemain elle était « sous l'eau ». Pire, son sentiment d'échec était partagé avec ses collègues. « Nous n'avons pas réussi à avancer sur nos sujets, même ceux en commun. » Le stress a alors envahi toute l'équipe - sa supérieure y compris. D'un commun accord, elles ont pris la décision d'espacer encore plus leurs visites au bureau.”

On voit dans ce cas que l’équipe ne sait plus travailler ensemble, elle a désappris à fonctionner en face à face, c’est à dire à accepter d’accueillir et d’exprimer les émotions, les sentiments parfois exacerbés, et à vivre les tensions et les malentendus inhérents aux relations professionnelles. S’en protéger en restant derrière son écran n’est pas la solution, c’est pire! Passer en 100% télétravail est risqué si cela revient à nier la réalités des affects dans l’illusion qu’on va ainsi économiser son énergie. L’équipe risque de se priver de sa créativité collective et profit d’une performance individuelle survalorisée. Cette manager prend vraiment un risque en repoussant le moment de se demander, ensemble, ce qui empêche d’avancer sur des sujets communs. Quelle pression, quel mode relationnel super-individualiste génère ce sentiment que les temps de cohésion et de co-construction sont inutiles?

Réenchanter le présentiel

Plutôt que de repousser le retour au bureau, elle aurait tout intérêt à organiser rapidement un temps d’échange pour réenchanter son équipe sans effort. Cela pourrait ressembler à un atelier d’une journée durant laquelle chaque équipier pourrait s’exprimer et s’engager : que gardons-nous des bonnes pratiques inventées pendant les 2 confinements? Que voulons-nous abandonner de notre fonctionnement actuel? Qu’attendons-nous les uns des autres? Comment chacun s'engage ?

Se réaligner autour d’un pacte relationnel ou d’une charte de fonctionnement qui clarifie les attentes et reflète la forte diversité des situations est absolument incontournable pour repartir sur des bases saines et se donner toutes les chances de traverser en sécurité les prochaines crises. Si certains n'ont pas envie de revenir au bureau (17%) d’autres en ont rêvé et du coup ils attendent que les moments passés ensemble soient de grande qualité managériale et relationnelle. Il est donc essentiel de se questionner sur les comportements de chacun et d’apprendre à échanger davantage de feedback pour se resynchroniser très régulièrement. Vivre des relations fondées sur la confiance et l’authenticité, c’est ça qui donne envie d’aller au travail!

écrit le 17 juin 2021

  • *selon le cabinet Empreinte Humaine voir https://www.bsmart.fr/video/7007-smart-job-partie-17-juin-2021

  • ** https://start.lesechos.fr/travailler-mieux/flexibilite-au-travail/celles-et-ceux-qui-ne-veulent-pas-retourner-au-bureau-1320758:

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