Pour que votre corps devienne un allié

Le réseaux sensible des fascias relie tous nos organes

Utilisez vraiment vos 7 sens !

C’est au moment des vacances d’été que l’on réalise à quel point on a négligé notre bien-être : longues nuits, farniente au soleil, baignade, marche douce ou sportive. Au fil des jours, le corps reprend sa juste place -centrale - et le “mental” se met au vert. Il faut bien 15 jours pour se détendre, 3 semaines idéalement.

Les cinq sens, que tout le monde connait, sont les sens de l'extéroception car ils sont tournés vers l’extérieur de notre corps : l'odorat, la vue, l'ouïe, le toucher et le goût. En effet, la science s'est longtemps intéressée à l'étude de la relation de l'être humain avec l'extérieur.

Pourtant les deux sens les plus importants pour le cerveau sont l'interoception et la proprioception, 2 autres sens tournés vers l’intérieur du corps, et que les neurosciences ont récemment (enfin) découvert.

Rappelez-vous que vous êtes un corps, en toute circonstance!

Le 1er sens, le plus important car il affecte de façon ultra déterminante notre comportement, est l'interoception. C'est l'information qui parvient au cerveau sur ce qui se passe à l'intérieur des organes : cœur, poumon/trachée/respiration, fascias, estomac, intestin. C'est la perception interne que j’ai de mes organes qui influence au maximum mon cerveau. Ce sens est souvent atrophié dans une culture volontariste qui donne tout le pouvoir au mental, à la volonté et parfois même nous interdit de nous “écouter”. Cette injonction mortifère conduit de nombreuses personnes à être “coupées” de leur corps, de leurs sensations internes et donc de leurs intuitions.

La deuxième priorité est le sens de la proprioception, c'est-à-dire les informations qui parviennent à mon cerveau sur la façon dont mon corps se comporte : ma posture, la courbure de mon dos, les gestes et les sensations que j'ai dans tout mon corps. Par exemple : dans les intestins lorsque je suis nerveuse, que j’ai une boule dans le ventre ou dans la gorge, ou la lourdeur des yeux quand je suis fatiguée. Or les organes et les sensations sont de fiables indicateurs pour prendre les décisions, faire les bons choix, comme en témoigne la métaphore des tripes.

C’est seulement dans un second temps, après l’interoception et la prioception, nos 2 premiers sens, que les fameux 5 sens sont pris en compte par le cerveau.

Comme souvent, les neurosciences enfoncent les portes ouvertes : elles nous démontrent a posteriori ce que l’expérience nous a appris depuis longtemps. Mais je trouve intéressant d’en parler ici, car ces recherches scientifiques, en reconnaissant l’influence fondamentale des ressentis et émotions sur nos comportements et prises de décisions, contribuent à légitimer la pratique du coaching systémique.

En effet, dans mes accompagnements, j’encourage toujours mes clients à développer “la conscience de leur corps”, c’est à dire leur interoception et leur proprioception (mots que je viens de découvrir avec vous). C’est souvent la première étape d’un coaching: apprendre à s’observer de l’intérieur, à écouter les milles signe que notre corps nous envoie et développer une écoute fine de cette intuition corporelle. Cela permet de pouvoir vraiment s’appuyer sur ses ressentis physiques physiques et émotionnels en toute confiance car votre corps ne vous ment jamais, il '“sait”, bien avant votre cerveau/mental (qui filtre et biaise toutes les informations sensorielles avec des injonctions et des croyances ) ce qui est bon et bien pour vous. En ce sens, votre corps est votre meilleur allié pour établir votre stratégie, fixer vos priorités, faire des choix pertinents au quotidien et toujours garder votre cap.

Cela paraît évident en l’écrivant, pourtant la plupart des personnes ont anesthésié leur interception et leur proprioception, leurs ressentis physiques et émotionnels. Habituées à se forcer, conditionnées par l’idéologie de l’effort et les injonctions familiales et sociales, elles prennent des décisions qui s’avèrent préjudiciables à long terme, ou n’en prennent pas au moment où il faudrait trancher. Ainsi, elles ne font pas de lien entre leur situation professionnelle et les nombreux messages d’alerte que leur corps leur envoie : mal de dos, migraine, épaules tendues, réveils nocturnes. Elles les nient ou les étouffent avec des antalgiques et des somnifères, au lieu d’écouter les émotions. Les études neuroscientifiques confirment qu'une grande partie de la population a une conscience corporelle très faible. Ce que les coachs avaient déjà remarqué depuis longtemps, mais si la science le dit alors cela devient crédible :)

En séance, je commence par observer le corps de mes clients, la position de leur dos, de leurs bras et jambes, de leurs mains, leur façon de respirer, tous ces micro-signes qui me disent beaucoup de ce qu’ils vivent au travail. Ainsi tel directeur qui s’assoit tout au bord du canapé en faisant un effort pour se tenir droit et remuant sans cesse pour trouver une position tenable, tout en me décrivant ses difficultés relationnelles avec son DG. Je peux facilement faire l’hypothèse qu’il se sent en position inconfortable dans son poste. “Comment le savez-vous? C’est exactement ça!” s’étonne-t-il.

Prenez conscience à chaque instant que votre posture affecte votre comportement

Les neuroscientifiques ont découvert que notre cerveau réagit à la façon dont on se tient, à nos gestes et expressions faciales. Ce sens, cette information que le cerveau reçoit et à laquelle il “répond”, c’est la proprioception. A la recherche de ce que l'on appelle la congruence corps-esprit, le cerveau attache une importance considérable à ce qui se passe sur le visage : le froncement de sourcil, l’expression de la bouche notamment. Or chaque fois que nous ressentons une émotion, nous la ressentons dans une partie du corps ; les émotions sans le corps ne seraient qu'une idée intellectuelle.

Lorsque je demande à mes clients : où, dans votre corps, se localise la colère ou la peur ? La plupart d'entre eux ne connaissent pas la réponse, car ils ne se sont jamais arrêtés pour se regarder faire. Le coaching leur apprend à “se mettre en meta”, c’est à dire s’observer davantage pour identifier leur propre fonctionnement, et notamment leurs gestes automatiques et réactions sous stress. C’est le premier pas vers la capacité d’intuition.

J’était ravie de lire l’interview d’une neuroscientifique espagnole qui dit “La première chose à faire est donc, tout au long de la journée, de s'arrêter et d'observer, comment est mon corps ? Et lorsque nous ressentons une émotion, arrêtons-nous un instant et disons-nous : "Où est-ce que je la trouve ? Comment est-ce que je sens mon corps à cet instant ? C'est-à-dire de faire beaucoup plus d'observation corporelle.”*

EN effet, cette conscience du corps aide à vivre et traverser les émotions difficiles et à dépasser des situations professionnelles apparemment inextricables.

“C'est ce qu'on appelle la conscience du corps. Dans les années 1990, Antonio Damasio, le grand neuroscientifique de notre époque, nous a parlé des avantages de ce marqueur somatique. Il a réalisé de nombreuses expériences dans lesquelles il a été démontré que les personnes qui sont plus conscientes de leur corps prennent de meilleures décisions.”

Ce n'est pas votre corps qui vous dit où vous devez aller, mais il vous dit où vous êtes. Les émotions sont très complexes et elles sont généralement mélangées. Pouvoir identifier une émotion par la seule analyse mentale est plus difficile que si je le fais en observant mon propre corps. La nommer, c’est l’étape d’après qui me permet de la mettre à distance, de prendre ce fameux recul dont tout stratège a besoin.

Mais bien sûr, pour cela il faut s’entraîner, tout au long de la journée à observer les sensations du corps, apprendre à bien se connaître et à respirer en tant conscience de chaque partie de son corps qui reçoit puis explose cet air.

Respirez davantage par le temps, expirez plus lentement

Annie, une manager, a tendance à se mettre en apnée quand elle me décrit ses réunion de codir. Elle prend conscience que cela arrive chaque fois qu’elle stresse. Elle s’entraîne à prendre de grandes inspirations régulières pour sortir de cet automatisme de l’apnée qui lui coupe les idées et la voix. “ Si je suis en apnée, ma posture est rétrécie, alors ma parole a moins d’impact parce que je n’ai pas suffisamment conscience de mon corps.”.

La posture et la respiration sont intimement liées. Les clients qui souhaitent faire évoluer leur posture apprennent d’abord à respirer en conscience. Ce qui a été observé dans la neuroanatomie de la respiration, c'est que celle-ci influence la mémoire, l'attention et la régulation des émotions, à condition d’être nasale. Si nous inspirons par la bouche, cela réduit la capacité de la respiration à activer le cerveau. Or les études montrent qu’une grande partie de la population respire par la bouche et non par le nez. En outre, nous respirons très (trop) vite, alors que c’est la respiration lente qui permet d’apaiser les émotions, d’activer la concentration et l’attention. Elle a aussi des vertus analgésiques. L'important est que le temps d’expiration, soit plus long que le temps d’inspiration de l’air.

Explorer nos sensations en contexte professionnel, redécouvrir les resources de notre corps comme un territoire encore inconnu, et en faire notre meilleur allié, c’est le passionnant défi de la rentrée.

  • inspiré de l’interview de Gentileza Nazareth Castellanos sur BBC News Mundo Fev 2023

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